Dans ce néant culturel où chassent les gourous, ne sont frappés que les esprits flottants. Certains jeunes flottent parce qu’ils n’ont pas été structurés par un milieu dysfonctionnel. D’autres, au contraire, élevés par des parents qui ont bien fait leur boulot, flottent quand même parce qu’il n’y a pas de relais culturel autour de ces familles : 40% se sont développés dans des familles musulmanes qui auraient bien voulu que leurs enfants apprennent un métier et deviennent de bons citoyens français ; 40% sont des enfants de chrétiens dévoués ; 1% des enfants de juifs. Arrive un moment, dans toute bonne éducation, où le jeune doit quitter sa famille à cause du surgissement normal de deux forces : le désir sexuel et la fierté de gagner son indépendance sociale.

Pour continuer l’aide au développement normal, il faut que la culture prenne le relais de ces familles en proposant d’autres tuteurs éducatifs et socialisateurs : les activités extra-familiales, artistiques, sportives, philosophiques, des années sabbatiques, ou un service civique comme en Europe du Nord, en Israël ou au Canada, aident à poursuivre ce développement en dehors de sa famille. Le principal tuteur de développement post-familial devrait être fourni par l’université et par une société sans chômage où le jeune pourrait apprendre un métier, gagner sa vie et fonder une famille. Quand, pour des raisons économiques, sociales ou culturelles, ces tuteurs de développement n’ont pas pu être mis en place, le nombre de jeunes errants, même après une bonne éducation, ne peut que croître.

Il faut souligner que plus de 80% des jeunes radicalisés viennent de familles religieuses sans fanatisme. Peut-être parce que la religion est nécessaire à sept milliards d’êtres humains sur la planète qui, chaque jour, se rendent sur un lieu de prière et gouvernent leur existence sous le regard d’un Dieu. Toutes ces croyances possèdent un implicite totalitaire quand l’éducation n’enseigne pas que d’autres croyances sont respectables. J’ai été enchanté par ma rencontre avec les praticiens et chercheurs de l’association, j’ai été passionné par la lecture de cet ouvrage collectif dirigé par Alain Ruffion et fait par des hommes et des femmes de terrain, loin des délires théoriques. La « déradicalisation », comme on dit vilainement, est difficile. Mais la prévention ne sera que du bonheur puisqu’il s’agit d’éducation, d’ouvertures à d’autres cultures, à d’autres religions, de voyages, de lectures, de films et de rencontres qui épanouissent vers l’altérité et empêchent la haine et le fanatisme.

Merci d’avoir découvert avec nous la préface de Boris Cyrulnic écrite pour “ Méthodes d’intervention en prévention des radicalisations ”, un livre d’Alain Ruffion aux éditions La Boite à Pandore.

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