Préface de l’ouvrage “ Méthodes d’intervention en prévention des radicalisations ”, réalisé sous la direction par Alain Ruffion, consultant en éducation positive et publié aux éditions La Boite à Pandore.
Les folies meurtrières ont toujours existé. Souvent, au nom de la Morale, on exterminait ceux qui ne pensaient pas comme nous. Parfois, sans raison apparente, un homme prenait une arme et tuait le plus grand nombre possible de passants, avant d’être à son tour abattu. Ce fut le cas des Bersek en Europe du Nord, des courses à l’Amok en Thaïlande au nom du « chien fou qui vient mourir », du Latal en Malaisie, du Windigo chez les Algonquins, du Susto des Quechuas, etc. Ces épidémies de folie meurtrière s’arrêtaient d’elles-mêmes, faute de carburant, quand la plupart des candidats s’étaient fait tuer. Aujourd’hui, ces épidémies d’assassinats prennent une ampleur planétaire.
La surpopulation de pays en difficulté ne cesse de fournir des candidats, des flots d’argent coulent dans les poches des extrémistes, et surtout l’immense efficacité des médias participe à ces épidémies en exaltant les passions, et en fournissant des modèles publicitaires. Ces accès de folies meurtrières qui remplissent le journal de 20 heures à la télévision, les articles de journaux et nos propres discussions organisent les débats de nos collectivités. La principale cause de ces massacres de masse est déterminée par des phénomènes psychosociaux qu’on peut sans peine analyser.
On est stupéfait d’apprendre que les Aztèques sacrifiaient quelques enfants afin d’empêcher le Soleil de tomber sur la Terre, mais on trouve normal d’héroïser le million et demi de nos vaillants poilus de la guerre de 1914-1918 qui sont morts dans la boue des tranchées et des trois millions de gazés qui ont asphyxié à domicile. Dans ces deux exemples, c’est une pensée radicale qui a commis le crime.
Les prêtres aztèques sauvaient le peuple en arrachant le cœur de quelques enfants et les militaires français sacrifiaient cinq millions de jeunes hommes pour empêcher les Allemands de nous imposer leur conception de la vie en société. Pourquoi a-t-on nommé ce phénomène « pensée radicale » ? La dérive des mots est habituelle quand, à l’origine de cette idée, on voulait évoquer nos racines, notre manière de penser qui d’emblée aurait été parfaite, immuable, respectable jusqu’à la soumission. Or, depuis Piaget, nous savons que la pensée est une construction constante…
Retrouvez-nous la semaine prochaine pour la suite de cette préface dédiée au livre d’Alain Ruffion.